L’équipe de jeudi matin au bureau du Sleep-In Famille

De gauche à droite : Alin, Fraga, Lassina

 

Depuis l’ouverture du Sleep-in Famille de Vernier Lassina y travaille en tant que collaborateur. Chaque semaine, il accompagne des familles dans le quotidien d’une réalité pas toujours facile. Sa profonde sensibilité pour les inégalités qui divisent et marginalisent certaines communautés le pousse à continuer, sans douter, à travailler dans le social. Pour lui, travailler avec les gens est une évidence et une nécessité dans notre société : « Tous les jours, je vois des gens qui ont une force et une solidarité, une solidité infinie. »

C’est avec la fondation Carrefour Rue qu’il a découvert le milieu de la précarité. Un peu plus tard, en 2019, c’est avec le collectif le CausE qu’il a vraiment réalisé sa vocation de travailleur social. La façon d’accueillir les individus était informelle et c’est sur terrain incertain qu’il a appris son métier.

Le Sleep-in Famille de Vernier est une structure composée principalement d’enfants. Etant père lui-même, Lassina aime cultiver ce lien avec les jeunes, cela fait partie intégrante de sa philosophie pour entretenir de bonnes relations avec les familles. Selon Lassina,  les enfants sont le ciment, ce sont les facilitateurs. Bien s’entendre avec les enfants permet de bonnes relations avec les parents. Ici, la configuration familiale joue beaucoup dans les liens de confiance, les enjeux ne sont pas les mêmes qu’ailleurs. Ici, les intérêts ne sont pas juste individuels. Il s’agit d’une famille dans son ensemble.

Comment es-tu parvenu à créer des liens de confiance avec des gens que tu ne connaissais pas ?

« C’est naturel pour moi. Au départ, il y a une certaine méfiance. Puis, ils constatent qu’on est avec eux, qu’on joue avec leurs enfants. Ils nous considèrent vite comme des membres de la famille. Bien sûr, il y a des conflits, il y a des règles qu’il faut assumer. Mais j’ai découvert une communauté humainement très attachante. Ils ont les mêmes aspirations que nous, on découvre ça autour d’un café puis le lien se crée. Quand je me promène dans la ville, on me reconnaît, on m’interpelle, je suis toujours invité quand ils sont entre eux. »

Selon Lassina, quand les liens de confiance sont solides, tout se règle à l’amiable. A l’échelle de la structure, c’est comme dans une famille. Une grande partie de son travail est de faire comprendre que la structure tient sur un axe. Pour lui, c’est important de responsabiliser les personnes face à leur famille pour qu’elles comprennent les conséquences de leurs actes.

En tant que père, Lassina essaye de leur faire comprendre que certaines choses sont faisables et d’autres non. Avec d’autres collaborateurs, il lui est arrivé d’interdire l’accès à la structure et cela a été très difficile pour lui mais il admet que cela fait partie du métier.

Au cours des trois derniers mois, tu as passé des nuits, avec d’autres collègues, à veiller au bien-être des familles et à la bonne marche du Sleep-in, en aidant, en écoutant. Qu’as-tu appris de ces différentes interactions avec les familles ?

« J’ai appris l’humilité, la patience, la compassion et la tolérance. Humilité, parce que l ‘on voit certaines personnes arriver dans des états de fatigue extrême. Les conditions d’accueil, ce n’est pas le luxe et malgré tout, on les voit retrouver un certain épanouissement. On se demande alors, si à leur place, on pourrait être comme ça. Tolérance, parce qu’on accueille tout le monde sans jugement, malgré les différents profils, on gère tout le monde.»

Comme le rappelle Lassina, la structure est nouvelle mais ils ont réussi à la mettre en place et il trouve cela extraordinaire. Lorsqu’il est arrivé, tout était vide et il est heureux d’avoir participé à l’élaboration de ce projet.

Qu’en sera-t-il de la suite de ce Sleep-in ?

Si la structure de Vernier ferme, Lassina espère que le travail qui a été mis en œuvre pour la scolarisation de certains enfants portera ses fruits.

De son côté, il va continuer le bénévolat et retrouver une place dans une autre structure, toujours en tant que travailleur social.

Photo & Interview ⎮ Clara